Sud Ouest (26/10/2016) cahier spécial Rue des Métiers d’Art

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Marie-Paule Thuaud, créatrice de bijoux, et Claire Lecreux, céramiste à Périgueux, ont toutes les deux intégré l’assocation du Pôle expérimental métiers d’art. ©

Photo Jean-Christophe Sounalet/« SO »

Une nouvelle édition de Rue des métiers d’art à Nontron (24) se tiendra du vendredi 28 au dimanche 30 octobre

Céramique, bronze, verre, métal, papier, cuir ou tissus. Des matériaux qui se dévoilent de manière toujours différente selon qui les travaillent. La Rue des métiers d’art, qui se tiendra vendredi 28, samedi 29 et dimanche 30 octobre, dans le centre de Nontron, autour de la place de la mairie, sera l’occasion de s’en faire une idée, en découvrant les œuvres de 30 artisans d’art et artistes (1).

Un pôle

Cette septième édition prouve à nouveau la notoriété du Pôle expérimental métiers d’art (Pema) Nontron Périgord-Limousin et à quel point il sait attirer les professionnels de la France entière. Sur les 30 exposants, beaucoup viennent de Nouvelle-Aquitaine, mais aussi de région parisienne ou du Languedoc.

Moins isolés qu’à Paris

Mais le salon est aussi une vitrine de choix pour le vivier local. Michelle Combeau, mosaïste à Saint-Barthélemy-de-Bussière, fait partie de l’association montée en lien avec le Pema depuis près de quinze ans. L’intérêt principal ? « Le soutien de nos métiers, la promotion, l’expérimentation et le développement. » Un noyau de personnes qui se rencontrent, se réunissent, partagent, débattent, avancent. « On peut compter sur un soutien logistique, sur des informations administratives, mais surtout, on sort de son atelier. »

Une raison qui a poussé Claire Lecreux, céramiste à Périgueux, près de la tour Mataguerre, à intégrer l’association.

« Au Pema, il y a un dialogue possible avec les autres métiers. En Dordogne, on est situé à un carrefour, bien plus qu’on ne le croit. »

Venant de Paris avec son compagnon, installé lui aussi dans l’atelier boutique qu’ils ont ouvert en 2014, elle s’autorise la comparaison : « À Paris, on se sentait bien plus isolés qu’ici. Un jeune qui démarre n’a pas vraiment sa place. »

Sa récente voisine, Marie-Paule Thuaud, qui crée des bijoux en métal, abonde. « Il est plus facile d’avoir de la reconnaissance car nous sommes moins nombreux. En revanche, ici, il faut tout de suite se professionnaliser, et attirer les gens de l’extérieur. » Elle a ouvert sa boutique en mars, elle aussi dans la rue de la Bride. « C’est un très bon compromis. On a un contact avec les clients, un réel retour sur ce qu’on fait. » De quoi s’améliorer. Ses bijoux sont de véritables sculptures sur corps. Elle récupère de grandes plaques de métal et les soude, les martèle, les découpe, leur donnant des airs tribaux, ethniques. C’est à l’école Nicolas-Flamel, à Paris, qu’elle a fait ses armes, tombant tout de suite sous le charme du métal.

Être installée à Périgueux n’empêche pas Marie-Paule Thuaud de préparer une exposition parisienne, « Parure et démesure », qui sera visible à la tour Jean sans peur pendant la Semaine de la haute couture, en janvier. Car, au-delà des boucles d’oreilles et autres grands colliers, l’artiste fabrique aussi des parures qui semblent faites pour des héros de légende. En arrivant dans la région, elle a cherché les vitrines potentielles. La boutique du Pema en était une. « Pour moi, il s’agit de la figure de proue de l’artisanat. C’est une véritable reconnaissance locale de mon travail. »

Forcément stimulant

Pour Claire Lecreux et son époux, l’existence du Pema a même été un déclencheur. « La Rue des métiers d’art se préparait quand on a réfléchi à s’installer à Périgueux. Quand j’ai vu la qualité des exposants et découvert l’existence d’un tel pôle, ça a fait partie des arguments pour se fixer ici. »

Remise en question, recherche, expérimentation : autant d’éléments qui ont convaincu les deux femmes. Dans le cadre de la manifestation, les membres de l’association ont d’ailleurs travaillé sur une exposition, « Cinq scènes d’intérieur – 20 professionnels métiers d’art », qui sera ouverte au château (lire en page 20f). « L’idée est venue de plusieurs personnes qui voulaient redynamiser la structure, poursuit Michelle Combeau. On a voulu travailler ensemble sur un même projet et montrer tout le potentiel local. »

Avec cinq expositions par an, des conférences, des démonstrations et des stages, le but du Pema est là : tirer les professionnels vers le haut, les amener vers des collaborations inédites. Forcément stimulant.